Perspectives pour le métier d’Acheteur dans le domaine des énergies

Perspectives pour le métier d’Acheteur dans le domaine des énergies

LE NUCLEAIRE AU CENTRE DE LA POLITIQUE ENERGETIQUE DU PAYS
Très récemment, le président Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de lancer la construction de six nouveaux réacteurs EPR et d’étudier la possibilité d’en construire huit autres par la suite. C’est en effet le cœur des discussions actuelles sur l’avenir de la politique énergétique du pays, qui tendent à structurer cet avenir autour du nucléaire qui fournit encore aujourd’hui près de 70% de l’électricité française. Pour rappel, l’EPR est un système de production d’électricité de forte puissance utilisant la fission nucléaire et de l’eau sous pression comme caloporteur, dans un ensemble à très forte sûreté. Autrement dit, l’EPR fait référence au système global intégrant d’une part l’enveloppe protectrice en béton et d’autre part les systèmes de sécurité ainsi que le groupe d’alternateurs qui assure la production d’électricité.

Aujourd’hui, comme au milieu des années 1970, dans un contexte géopolitique résolument différent mais toujours tendu, la France connaît une crise majeure et des doutes sur son avenir énergétique. En effet, au centre de cette vague d’incertitude, relative à certains modèles de production établis, la fonction Achat devient un maillon clé de l’avenir des entreprises les plus à risque. De plus en plus au cœur des comités de direction, l’acheteur d’énergies jouera un rôle important au sein des entreprises, pour des raisons environnementales, de production, de consommation, d’Achats et de revente de l’énergie.

Prenons l’exemple du prix du MWh d’électricité sur les 2 dernières années. Alors qu’il oscillait entre 40€ et 100€/MWh au début de l’année 2021, le prix de l’électricité a subi une forte augmentation jusqu’à atteindre son pic en décembre dernier avec un prix du MWh de 442.88€/ MWh. Le gouvernement a donc décidé de prendre différentes mesures, notamment des mesures de fiscalité très forte pour une réduction au taux minimal de la TICFE (Principale taxe d’électricité) sur la base des prix historiques du marché (baisse d’environ 20%).

👉Prix de l’électricité sur le marché de gros – Source Nord Pool Group

Côté Achats, l’objectif est justement de maîtriser toutes les nouvelles réglementations, de bien identifier les incertitudes et les imprévisibilités du marché tout en respectant les problématiques RSE, à savoir acheter plus vert et moins consommer. Une des solutions est de construire un processus Achats dont l’objectif principal serait de lisser la croissance car elle reste indispensable mais aussi de mieux gérer les risques. « Les prix fluctuent au jour le jour, c’est un véritable marché boursier » commente Laurent Hornez, Directeur Associé de Cristal Décisions, cabinet français leader de l’optimisation des Achats indirects, ayant rejoint MEOGROUP, en fin d’année dernière.

Il y a quelques jours, le marché de l’énergie a subi une augmentation de +17€ en une journée. Cela démontre une fluctuation très importante, qui met les fournisseurs en difficulté et complique par la même occasion le métier d’acheteur. Que ce soient vis-à-vis des propositions financières incertaines lors d’appels d’offres ou encore vis-à-vis de la durée de validité très courte de ces dernières. Il faut donc se protéger et prévoir les Achats et la demande d’énergie dans les années à venir. Cela qui implique d’avoir une stratégie interne claire afin de surveiller le marché de l’énergie et éviter d’acheter au pire moment. À court terme, certaines entreprises peuvent compenser cette croissance avec un réajustement des contrats existants, ce qui n’est pas une stratégie appropriée à long terme car ces contrats, généralement d’une durée variable entre 5 et 7 ans, expireront bientôt.

 

« Les prix fluctuent au jour le jour, c’est un véritable marché boursier »

 

L’ANTICIPATION ET LA GESTION DES RISQUES : LE DEFI ACTUEL DES ACHETEURS
Les risques doivent être soigneusement cartographiés et les actions à entreprendre doivent être clairement définies et strictement suivies.
L’analyse des tendances, l’étude de marché et la prévision des besoins futurs de l’entreprise doivent intégrer cette réflexion. Les entreprises peuvent réduire les risques grâce à une stratégie globale d’approvisionnement en énergie, par exemple. Dans un environnement aussi imprévisible, ne pas le faire équivaudrait à un pari aveugle et pourrait entraîner des conséquences désastreuses.

Certes, il est clair que l’avenir reste incertain ; la durée de la guerre en Ukraine et son impact sont difficiles à évaluer et les entreprises doivent toujours être prêtes à acheter de l’énergie à long terme pour réduire l’impact des fluctuations énergétiques du marché. Néanmoins, ils peuvent développer des stratégies d’Achats efficaces et optimales en compagnie d’experts en Achats énergétiques. Ces experts pourront également suivre de près les tendances du marché pour aider les différents acteurs du secteur industriel à élaborer des stratégies, développer les plans d’actions associés, puis assurer leur suivi et leur contrôle pour construire une approche cohérente, agile et efficace pour l’entreprise.

Une autre solution possible serait de moins consommer et de décarboner. Le dérèglement climatique est une réalité qui prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui et il devient urgent de commencer à prendre des mesures pour y remédier. Une des actions possibles par les entreprises serait d’investir, de consommer en utilisant des équipements plus efficaces et moins énergivores en remplaçant autant que possible le gaz par l’électricité. La problématique est que, pour contrer la hausse actuelle, la consommation du fuel est envisagée par de nombreuses entreprises. Ce serait un énorme pas en arrière pour les industriels. Il faudrait davantage produire des énergies renouvelables, investir sur l’autoconsommation, sur des panneaux photovoltaïques et sur les éoliennes. Il faudrait également véritablement se concentrer sur les énergies vertes et, pourquoi pas, investir dans l’hydrogène. Il y a 2 ans, la production d’énergies renouvelables était autour de 65€/MWh. Aujourd’hui on est autour de 300€/MWh. Certes, l’investissement en énergies renouvelables est un investissement sur 15 ou 20 ans mais « il va falloir redevenir autonome énergétiquement et investir dans les moyens de production si l’on veut constater des améliorations notables », indique Laurent Hornez.

 

Ayoub HARILLA Consultant Achats Meotec


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